Dieu dit : « Que le football soit » et Iniesta fut.

Au commencement, Dieu dit : « Fiat Lux »(que la lumière soit) et la lumière fut. De même, le Dieu du football a insufflé à ce jeu un souffle de lumière en envoyant les génies du ballon rond, afin qu’ils illuminent le terrain en gratifiant les amateurs de leur classe, élégance et splendeur. Cependant, à travers les époques, face à l’avancée des ténèbres, Dieu a envoyé les Fils de la Lumière pour rétablir l’équilibre. Ainsi, en cette décennie marquée par le sceau des “Chiffres” et s’écroulant sous la tyrannie des statistiques, le Dieu du football dit à nouveau : « Que le football soit » et Iniesta fut.

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LA LUMIÈRE LUIT DANS LES TÉNÈBRES

Andrés Iniesta Luján, dit “Don Andrés”, natif de Fuentealbilla (Albacete), a débuté sa carrière dans l’équipe B du FC Barcelone avant de grandir à l’ombre de légendes telles que Ronaldinho, Deco et Samuel Eto’o. Progressivement, il s’est imposé au sein de l’équipe première, évoluant en ailier, faux 9, milieu de terrain central ou offensif sous l’ère Rijkaard. Cependant, l’utilisation d’Iniesta comme faux 9 par Rijkaard, visant à placer un cerveau au niveau des pieds, a limité son potentiel au sein de l’équipe.

Lorsque Pep Guardiola a pris les rênes du Barça, il a reconnu la véritable valeur d’Iniesta et l’a repositionné en tant que milieu offensif gauche. Cette décision stratégique a permis à Iniesta de briller pleinement, transformant le diamant brut en une pierre précieuse scintillante. Sous Guardiola, le FC Barcelone a dominé le football mondial pendant près de cinq ans, grâce en grande partie à l’ingéniosité et à la simplicité d’Iniesta sur le terrain.

Joueur polyvalent, rapide et doté d’une intelligence de jeu exceptionnelle, Don Andrés est un stratège. Chaque déplacement, chaque passe est calculée avec une précision remarquable. Il anticipe les mouvements, lit le jeu et décide avec une acuité qui laisse ses adversaires perplexes. En tant que chef d’orchestre de l’équipe blaugrana, son esprit d’invention et sa vision lui permettent de contrôler le rythme du jeu et de dicter le tempo selon sa volonté.

Son talent ne passe pas inaperçu auprès de ses pairs. Juan Roman Riquelme, maître à jouer de l’équipe d’Argentine des années 2000, affirmait : « Quand je vois jouer Iniesta, je me rends compte que j’ai encore beaucoup de choses à apprendre à mon âge. » Sergio Ramos, son coéquipier à la Roja, s’émerveilleait : « Iniesta est un magicien, il joue avec une baguette magique. » Iniesta mystifie les adversaires par un contrôle de balle unique, transformant chaque ballon en un joyau. Sa maîtrise technique est telle qu’on pourrait croire qu’il joue avec les mains.

Double contact, contrôle impeccable, dribbles entre plusieurs joueurs… Sa conduite de balle allie magie, imprévisibilité et vision du jeu presque surnaturelle. Le jeu d’Iniesta grave des images dans nos esprits. Une seule touche de balle suffit pour créer des tableaux d’une beauté artistique. Ces gestes, cette façon de danser, de passer, de feinter et de dribbler démontrent que le football peut être un véritable art. Kant aurait certainement utilisé Andrés pour illustrer que la beauté s’impose à l’être humain.

« CONSTRUCTEUR-DÉSTRUCTEUR »

Iniesta te rend inférieur. Tu le cours après, essaies de lui prendre le ballon, mais au bout du compte, il joue et tu le regardes, il dribble et tu fais un footing. Iniesta est le « footballeur torero » par excellence. Claudio Borghi, l’ex-sélectionneur argentin du Chili, expliquait comment Iniesta avait changé la donne lors d’un match amical contre l’Espagne où son équipe menait 2-0 : « En deuxième mi-temps, Iniesta est apparu sur le terrain et il nous a détruits. Je n’ai jamais vu un joueur comme lui, jouer aussi simplement mais avec une telle efficacité. Il nous a pris le ballon et nous a fait courir derrière comme si c’était une ombre. »

Peu importe le résultat, l’essentiel semble être la qualité de la prestation. C’est tout le football espagnol, voire plus, réuni en deux pieds et un esprit. Riquelme l’a bien constaté : « Leo Messi est le plus grand, mais Iniesta est celui qui joue le mieux au football. Il sait quand il faut aller de l’avant, quand il faut repasser par l’arrière. S’il a la balle à gauche, il sait qui est à droite, il sait tout ce qu’il faut faire. Quand il faut accélérer, quand il faut manœuvrer lentement. Et je pense que c’est la seule chose que l’on ne peut ni acheter ni apprendre. On peut apprendre à frapper le ballon, à contrôler la balle, mais pour être au courant de tout ce qui se passe sur le terrain, il faut être né avec ce savoir. »

La rapidité d’exécution et la technique requises pour ces doubles contacts sont impressionnantes, mais c’est surtout sa capacité à assimiler et réagir aux informations en un éclair qui distingue Iniesta. Comment peut-il percevoir et anticiper aussi rapidement ? C’est une question fascinante qui reste en partie sans réponse.

MAIS LES TÉNÈBRES NE L’ONT POINT REÇU

Parler de Don Andrés, c’est un crime de lèse-majesté en ce règne de statistiques et de “combien tu marques”. Dans le football tel qu’il est compris aujourd’hui, Iniesta n’a violé qu’une seule loi : celle de marquer trop peu de buts. Ce manque de prolificité pourrait le marginaliser dans une ère obsédée par les chiffres. L’enfant lune du FC Barcelone semble condamné à passer au second plan. Iniesta dribble, feinte, oriente le jeu, temporise quand il le faut, mais ne marque pas assez. Ainsi, il n’a jamais pu décrocher le Graal suprême : le Ballon d’Or. Et pourtant, malgré son mètre 69, très peu lui arrivent à la cheville.

À la manière d’un joueur de futsal, Iniesta excelle dans les petits espaces. Avec ses crochets courts et sa vision du jeu hors norme, l’Espagnol est clairement au-dessus. « Le voir jouer est un cadeau du ciel. C’est un joueur comme Messi qui, ballon au pied, est imbattable. Personne n’a sa profondeur ni sa verticalité », confiait Samuel Eto’o lorsqu’ils jouaient encore ensemble.

Ainsi, dans la course aux records, il préfère la poésie ; aux caméras de télévision, il privilégie le jeu ; à la force, il choisit la douceur. Bref, Iniesta est une anti-star.

Dans ce monde de productivité à outrance, où la recherche de l’efficacité et le réalisme dur priment, Andrés Iniesta représente un refus, une rébellion contre le système. Il est poète. « Dieu parle à voix basse à son âme comme aux forêts et comme aux flots », nous dirait Victor Hugo. Iniesta est ce rêveur sacré qui récite une douce poésie à chaque toucher de balle, caresse le ballon à chaque frappe et danse le flamenco à chaque feinte. Il respire la grâce, il transpire la générosité, l’esprit d’équipe et la beauté.

Le jeu d’Iniesta est à la fois artistique, technique et esthétique : toujours la passe juste, le décalage subtil, le ballon qui débloque une action, le geste qui désorganise une défense, la feinte qui renverse un système entier. Pied gauche, pied droit, milieu, ailier, numéro dix, peu importe la position, Iniesta se savoure en toutes saisons.

Cet homme n’a jamais raté un grand rendez-vous. Pas un seul. Aujourd’hui, parmi tous les joueurs grandioses de notre époque, Andrés Iniesta est finalement l’un des rares à faire véritablement l’unanimité. Ibrahimovic, Falcao, Van Persie, Luis Suarez, Özil… tous sont discutables, que ce soit pour irrégularité, absence de performances en équipe nationale ou faiblesse mentale.

Héritage et Influence

Andrés Iniesta ne se contente pas d’avoir marqué l’histoire du football par ses performances sur le terrain ; son influence perdure à travers les générations. Les jeunes milieux de terrain s’inspirent de son style élégant et efficace, adoptant sa vision du jeu et sa capacité à contrôler le rythme d’une équipe. Ses passes millimétrées et sa capacité à rester calme sous pression sont devenues des standards que de nombreux entraîneurs cherchent à inculquer à leurs joueurs.

En termes de statistiques, Iniesta a accumulé plus de 172 passes décisives dans sa carrière, remportant de multiples titres nationaux et internationaux, dont 4 Ligues des Champions et 9 titres de Liga avec le FC Barcelone. En équipe nationale, il a été crucial pour la victoire de l’Espagne lors de l’Euro 2008, de la Coupe du Monde 2010 et de l’Euro 2012, marquant des moments emblématiques comme la célèbre touche de balle finale contre les Pays-Bas en 2010.

Comparaison avec les Pairs

Comparé à ses contemporains comme Xavi Hernandez et Luka Modric, Iniesta se distingue par une capacité unique à influencer le jeu dans des moments décisifs. Tandis que Xavi était le maître de la possession et Modric un joyau d’élégance , Iniesta a su combiner ces qualités avec une créativité individuelle exceptionnelle. Cette combinaison fait de lui un joueur incontournable, capable de changer le cours d’un match avec une seule action.

Un Héritage Éternel

À travers Don Andrés, se justifie le « Je pense donc je joue » d’Andrea Pirlo. Andrés Iniesta incarne l’harmonie parfaite entre technique, intelligence et élégance. Son héritage dans le football est indéniable, non seulement par ses réalisations, mais aussi par l’inspiration qu’il continue de fournir aux futurs talents. Il a prouvé que le football peut être une forme d’art, où chaque geste compte et où la beauté du jeu prime sur la simple efficacité.

Ave Iniesta, ceux qui aiment le football te saluent.

Domond Willington/ Fouye Rasin Nou( FRN)

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