Depuis trois décennies, Haïti est la victime sacrifiée d’une élite politique qui, loin d’être le moteur du développement, en est le plus grand obstacle. Ces élites, bien installées dans les hautes sphères du pouvoir, se révèlent être les architectes d’un système corrompu, perpétuant la misère et le chaos au détriment de la population. Occupant des postes clés tels que ministres, présidents, premiers ministres, sénateurs, députés, directeurs et autres hauts fonctionnaires, elles n’ont apporté que des promesses creuses, des stratégies vouées à l’échec et une complaisance honteuse envers les puissances étrangères. Le bilan est accablant : elles ont transformé le pays en une scène de dévastation économique et humaine.
Thank you for reading this post, don't forget to subscribe!L’échec total d’une élite soumise aux puissances étrangères
Les dirigeants haïtiens sont devenus de véritables marionnettes entre les mains des ambassadeurs et des représentants des puissances étrangères. Au lieu de défendre la souveraineté nationale et les intérêts du peuple, ils se plient aux ordres de l’international, oubliant qu’ils sont censés être les chefs de l’État haïtien. Ce constat n’est pas nouveau. En 1988, l’ancien président Leslie Manigat avait dénoncé ce rapport de domination, alertant que les autorités haïtiennes semblaient davantage préoccupées par les attentes des ambassades étrangères que par celles de leurs propres concitoyens.
Au fil du temps, cette soumission s’est intensifiée, au point que les décisions cruciales pour l’avenir d’Haïti sont prises non pas à Port-au-Prince, mais dans les bureaux diplomatiques de la communauté internationale. Les États-Unis, la France et le Canada influencent de manière flagrante les choix des dirigeants haïtiens, qui suivent leurs directives sans résistance, sacrifiant ainsi la souveraineté nationale sur l’autel de la dépendance.
Il est à noter que, comme à l’accoutumée, ces élites parlent souvent fort à la radio ou dans les groupes WhatsApp, prétendant aimer leur pays et osant invoquer la fierté nationale, tout en ayant vendu l’âme d’Haïti pour maintenir leur statut. On peut les qualifier d’« élite hypocrite et déconnectée ».
Une élite qui trahit la confiance du peuple pour se remplir les poches
Ces élites, instruites parfois dans les meilleures universités, n’ont pas mis leurs compétences au service de la nation. Au contraire, elles se sont spécialisées dans l’art de la manipulation et de la corruption. Avec plus de 60 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté en 2024 et 80 % des investissements publics financés par l’aide internationale, la situation est critique. Cependant, ces dirigeants détournent ces fonds, accaparent les ressources et creusent les inégalités au sein de la société haïtienne.
L’insécurité et la misère explosent, mais ces élites préfèrent détourner leur regard, profitant des privilèges de leur rang. En 2023, Haïti a compté plus de 1 000 cas de kidnapping dans une impunité totale, tandis que les dirigeants se cloîtrent dans leurs résidences sécurisées. Ces dirigeants, censés être des modèles, ne sont que des imposteurs, incapables de gérer une crise sanitaire ou de construire des infrastructures de base. Les hôpitaux sont en ruine, les écoles à l’abandon et en manque de moyens, les citoyens vivent sous la menace des gangs, et les jeunes Haïtiens, désillusionnés, cherchent à fuir un pays qui ne leur offre aucun avenir.
Entre 2010 et 2020, Haïti a vu son taux de chômage atteindre près de 70 % chez les jeunes, et en 2024, c’est le chaos total, créant une génération perdue, découragée par le manque de perspectives et d’opportunités. Pendant ce temps, leurs soi-disant représentants échangent leur intégrité contre des intérêts personnels et des privilèges garantis par l’international. Ces élites ne sont pas les protecteurs de la nation : elles sont devenues les bourreaux de leur propre peuple. On pourrait même se demander si elles ont un réel attachement au pays, tant leur gestion témoigne d’un mépris total envers la population. « Yo gen sèvèl poul », disent certains, pour décrire cette incapacité à gouverner avec intégrité et vision.
Le mythe du remaniement : un stratagème pour tromper le peuple
Les remaniements ministériels en Haïti ne sont qu’une manipulation de plus. Ils consistent à remplacer une figure corrompue par une autre, sans véritable intention de changement. À maintes reprises, les politiciens haïtiens ont joué à ce jeu bien connu de « ôte-toi de là que je m’y mette ». Ils s’accrochent au pouvoir, chassant ceux qui sont en place, sans se soucier de créer une véritable feuille de route.
À chaque remaniement, à chaque changement de figure, la population reste confrontée aux mêmes problèmes : insécurité, inflation galopante, effondrement des services publics. Au lieu d’envisager une réforme structurelle ou de s’attaquer aux problèmes profonds du pays, ces remaniements ne sont qu’une tentative de faire perdurer un système déjà en déclin.
Depuis les années 1990, Haïti a connu plus de vingt remaniements ministériels, tous ponctués de promesses non tenues. Selon une étude de la Banque mondiale, le pays n’a pas connu de croissance économique soutenue depuis plus de deux décennies, avec un taux de croissance moyen de seulement 1,2 % entre 2000 et 2023. Cette lenteur, souvent aggravée par des crises politiques, montre que les changements de figures, les alliances provisoires et les jeux de pouvoir n’ont en rien contribué à un véritable développement. Chaque remaniement, chaque remplacement de ministre, n’a fait que prolonger l’incertitude et la stagnation. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : Haïti se classe parmi les derniers en termes d’Indice de Développement Humain (IDH) dans la région en 2024.
Des marionnettes, non des dirigeants : Haïti en quête de véritables leaders
Haïti ne peut plus se contenter de dirigeants qui se comportent en « sousou des Blancs ». Le pays a besoin de leaders authentiques capables de défendre l’intérêt national face aux pressions internationales et d’adopter une politique étrangère indépendante, alignée sur les priorités du peuple haïtien. Il est temps de mettre fin à un cycle d’obéissance aveugle qui affaiblit la nation. Depuis plus de 30 ans, Haïti n’a pas su établir une politique étrangère solide, et la corruption dans les consulats persiste. Pour retrouver sa souveraineté, il est crucial de porter au pouvoir une génération de dirigeants engagés et ancrés dans les valeurs haïtiennes.
Rétablir l’intégrité et la souveraineté d’Haïti
Haïti est à un carrefour décisif. Pour espérer un meilleur avenir, il est impératif de mettre fin à la gouvernance soumise aux ordres étrangers et aux promesses creuses. Le peuple haïtien mérite des leaders pour qui servir la nation est une vocation, non un moyen d’ascension personnelle.
Il est temps pour les Haïtiens de revendiquer une indépendance authentique et une gestion transparente. La mobilisation des citoyens est essentielle pour exiger des réformes profondes au sein des institutions et pour élire des dirigeants engagés, indépendants et véritablement attachés à la culture et aux valeurs haïtiennes. Le peuple haïtien ne doit plus être réduit à spectateur de sa propre décadence, mais doit, au contraire, revendiquer son droit à un avenir meilleur.
En revanche, seule une révolution de la gouvernance pourra libérer Haïti du joug de ces élites corrompues qui, depuis 30 ans, n’ont fait que le mener au bord du gouffre. En unissant leurs voix, les Haïtiens peuvent exiger une gouvernance transparente, une réforme totale des institutions et des leaders pour qui servir le pays est plus qu’un slogan : c’est un engagement réel.
Styve Jean-Pierre/🌴Fouye Rasin Nou(FRN)🇭🇹🐚