Après 5 mois à la tête du pays, la deuxième équipe de transition ne semble pas en voie de faire mieux que l’équipe précédente en matière de résolution de la crise sécuritaire. Alorsque le pays s’enfonce dans l’abîme, le gouvernement de Garry Conille et les membres du CPT multiplient les échecs et les guerres intestines inutiles.
Thank you for reading this post, don't forget to subscribe!Fouye Rasin Nou, le 6 octobre 2024_ Après le départ d’Ariel Henry du pouvoir qui, en 3 ans, n’avait jamais pu enrayer le cycle de la violence des gangs, la Caricom et les Etats-Unis avaient proposé un plan de sortie de crise. En effet, devant l’absence de plans de ceux qui réclamaient le départ d’Ariel Henry, il a été proposé voire imposé aux acteurs politiques haïtiens ( incapables de s’entendre) la formation d’un conseil présidentiel de transition avec les représentants des différentes structures politiques. Une formule inclusive pour satisfaire les ambitions de tous les partis politiques qui sont au devant de la scène. Cependant, toutes les parties prenantes devaient accepter le principe de l’envoi de la mission multinationale de soutien à la sécurité dirigée par le Kenya, sous peine d’exclusion du conseil présidentiel. Garry Conille, ancien premier ministre sous le régime PHTK, a été choisi comme chef de gouvernement pour conduire la transition.
Cependant, alors que les attentes étaient grandes et les défis importants, le gouvernement et le CPT ont préféré s’adonner à des batailles sans merci pour le contrôle du pouvoir politique. Pendant ce temps, 80% du territoire de la capitale sont contrôlés par les gangs armés qui sèment la terreur, rançonnent les chauffeurs de camions et de bus empruntant les routes nationales, violent les femmes, paralysent les activités économiques, etc. Plus récemment, le gang dénommé « Baz gran grif » vient de procéder à l’exécution sommaire de plus de 70 haïtiens ( hommes, femmes et enfants) à Pont Sondé. Un véritable carnage sous les yeux du CPT et du gouvernement, sans oublier le directeur de la Police, M. Normil Rameau.
Quelles actions du gouvernement et du CPT?
Pendant ce temps, le premier ministre Garry Conille multiplie les visites dans la capitale et dans les différentes institutions étatiques sans pour autant s’attaquer aux problèmes réels du pays. Promettant de reprendre le contrôle du pays « maisons par maisons, quartier par quartier », il multiplie de préférence les visites « bureau par bureau » alors que les gangs font des « live » sur TikTok sans être inquiétés. Qui plus est, le chef de gouvernement semble s’inscrire dans une bataille avec le CPT pour le contrôle du pouvoir politique.
Le conseil présidentiel de transition, quant à lui, ne peut pas se vanter de faire mieux. Bien que jouissant en principe des mêmes privilèges, ses membres se sont tout d’abord distingués par des désaccords autour de celui qui devait diriger la présidence. Ils ont finalement opté pour la présidence tournante entre les membres durant les deux ans de la transition. Cependant, quatre mois plus tard, alors que le mandat d’Edgard Leblanc-Fils arrive à terme ce lundi 7 octobre, les luttes reprennent encore une fois. Entre ce dernier qui ne semble pas vouloir remettre le pouvoir et confisque le sceau de la présidence , et les autres membres qui attendent leur heure de gloire, la lutte devient acharnée. Pendant ce temps, les problèmes réels du pays ne semblent pas les inquiéter !
Parallèlement, malgré des salaires et privilèges exorbitants, trois membres du CPT, en l’occurrence Louis Gérald Gilles, Emmanuel Vertiliaire et Smith Augustin, sont impliqués dans un vaste scandale de corruption où ils sont accusés d’avoir réclamé 100 millions de gourdes au président de la BNC , Raoul Pierre Louis, pour qu’il reste en poste.
En somme, durant les cinq mois de cette nouvelle transition, la bataille pour le pouvoir et les privilèges personnels semblent prendre le dessus sur les véritables problèmes et enjeux du pays: insécurité , chômage, paralysie des activités, gangsterisation du pays sont autant de problèmes qui semblent être le cadet des soucis des gouvernants haïtiens qui préfèrent s’adonner à une lutte stérile pour diriger le pouvoir dans le pays le plus pauvre des Amériques.
Entre les « guerres intestines » de Garry et du CPT, pour reprendre les mots du professeur Lesly Manigat, « Le pays meurt plis vite ». Quand on veut faire du neuf avec du vieux, il y a de fortes chances que les mêmes causes produisent les mêmes effets.
Domond Willington/ Fouye Rasin Nou( FRN)