Les États-Unis Freinés dans leur tentative de transformer la mission de sécurité en Haïti en une mission onusienne

L’administration américaine a récemment été confrontée à une résistance diplomatique significative au sein du Conseil de sécurité des Nations unies. Son objectif de transformer la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMSS) en une mission de maintien de la paix sous mandat de l’ONU a été entravé par l’opposition de la Russie et de la Chine, membres permanents du Conseil, qui ont menacé d’exercer leur droit de veto. Ces deux puissances estiment que les conditions en Haïti ne sont pas encore propices à une telle mission.

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L’ambassadeur adjoint de la Russie à l’ONU, Dmitry Polyanskiy, a souligné que la mission multinationale devait d’abord prouver son efficacité avant d’envisager une transformation. « Il est trop tôt pour tirer des conclusions définitives sur l’impact de la MMSS », a-t-il déclaré, appelant à donner plus de temps à la mission actuelle pour démontrer ses résultats. La Chine a également plaidé pour une approche prudente et progressive.

Face à cette opposition, les États-Unis ont modifié leur proposition initiale. Plutôt que d’insister sur une transition rapide vers une mission onusienne, l’administration Biden a choisi une solution plus pragmatique : prolonger d’un an le mandat de la MMSS. Cette décision vise à maintenir l’engagement international en Haïti tout en évitant des tensions diplomatiques. Le Conseil de sécurité des Nations unies a approuvé cette prolongation par un vote unanime le 30 septembre 2024. Ainsi, la mission, déployée depuis juin 2024, pourra poursuivre ses opérations sur le terrain malgré un manque flagrant de financement Par les pays membres de l’ONU.

Dans cette optique, bien que l’objectif de transformer la mission en une opération sous l’égide de l’ONU n’ait pas été atteint, Washington considère cette prolongation d’un an comme un compromis satisfaisant. En effet, 382 policiers kenyans, soutenus par environ 25 policiers et soldats béliziens et jamaïcains, sont actuellement déployés en Haïti pour appuyer la Police nationale haïtienne dans sa lutte contre les gangs menaçant la stabilité du pays.

Dans un contexte aussi délicat, cette extension permettra de maintenir un certain niveau d’engagement international. Toutefois, face à une crise persistante, peut-on vraiment espérer une amélioration significative de la sécurité en Haïti avec une telle approche ?

Malgré les critiques concernant l’inefficacité de la MMSS, la situation sur le terrain reste préoccupante. Bien que la Police nationale haïtienne (PNH) se montre plus impliquée, elle semble toujours submergée par l’ampleur des défis sécuritaires. De nombreux Haïtiens expriment leur mécontentement face à ce qu’ils perçoivent comme une passivité de la MMSS, jugée trop éloignée et peu proactive dans la gestion des gangs. Certains s’interrogent sur le manque d’investissements dans la PNH et l’armée haïtienne pour qu’elles puissent gérer elles-mêmes la lutte contre les gangs, permettant ainsi un retour à la normalité. Beaucoup rappellent la promesse du Premier ministre Garry Conille de regagner les territoires perdus. Pourtant, malgré la présence de la mission, les bandits continuent d’imposer leur loi dans plusieurs zones du pays.

Cette prolongation de la mission représente une avancée temporaire dans la gestion de la crise sécuritaire en Haïti, mais les divisions géopolitiques sur la meilleure approche demeurent évidentes. L’avenir de la mission dépendra des résultats sur le terrain et de la capacité des forces présentes à établir un climat propice à des élections libres et sécurisées. La communauté internationale, ainsi que le gouvernement haïtien, devra travailler à un consensus durable pour relever les défis persistants en Haïti.

Jean-Pierre Styve/ Fouye Rasin Nou( FRN)

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