Dans un climat de méfiance et d’instabilité, où la corruption gangrène les plus hautes sphères du pouvoir en Haïti, les États-Unis et le Canada ont récemment pris des mesures drastiques pour sanctionner plusieurs dirigeants haïtiens, accusés de graves actes de corruption, de trafic de drogue, et de collusion avec des gangs violents. Ces sanctions, basées sur des preuves substantielles fournies par des institutions internationales et locales, représentent une réponse internationale à l’impunité qui a trop longtemps régné dans le pays. Pourtant, malgré ces sanctions contre des membres de l’élite politique et économique, la justice haïtienne reste silencieuse.
Thank you for reading this post, don't forget to subscribe!Depuis plusieurs années, Haïti fait face à une insécurité chronique, et les gangs occupent 80 % de la capitale. Ajouter à cela, la corruption a été érigée en méthode de gouvernement. Selon Transparency International, Haïti est classé 170e sur 180 pays dans l’Indice de Perception de la Corruption (CPI) pour l’année 2023, avec un score de 19 sur 100.
Un rapport de la Fondation Héritage pour Haïti (LFHH), affiliée à Transparency International, souligne que la corruption a entraîné une perte estimée à plus de 2 milliards de dollars au cours des dix dernières années, un chiffre colossal pour un pays où plus de 60 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.
Cette situation, selon l’ONU, les États-Unis et le Canada, résulte d’actions malveillantes des membres de l’élite politique et économique haïtienne. Pour la communauté internationale, ces derniers ont contribué significativement à la corruption généralisée et à la prolifération des gangs armés en Haïti. Aussi des sanctions ont-elles été appliquées contre ces individus très puissants par les pays précités, dont le dernier en date est l’ancien président Michel Joseph Martelly, accusé de trafic de drogue et d’être de connivence avec les gangs armés qui terrorisent le pays et d’en avoir même créés.
Malgré ces accusations graves et les sanctions imposées par les puissances internationales, aucune réaction significative ne s’est manifestée de la part des autorités haïtiennes. Ni le gouvernement haïtien, ni son système judiciaire n’ont pris d’initiatives pour suivre ces accusations d’envergure, que ce soit en émettant des mandats d’arrêt ou en lançant des enquêtes approfondies sur ces anciens dirigeants et personnalités influentes du secteur privé. Pourquoi? Personne ne veut y répondre au sein des pouvoirs publics.
Le premier ministre Garry Conille, dans une déclaration lunaire, semble même surpris de ces sanctions et dit espérer que les États-Unis partagent les preuves avec son gouvernement alors que, dans le rapport de l’ONU, une bonne partie des éléments accablants contre ces personnes sanctionnées proviennent des institutions haïtiennes dont l’ULCC et la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ).
Cette inaction soulève des questions cruciales sur l’état de la justice en Haïti.
Ces figures, qui ont autrefois détenu un pouvoir considérable, se retrouvent aujourd’hui sous les feux de la rampe internationale, mais sans aucune contrepartie judiciaire en Haïti. Le peuple haïtien, trahi par ceux qui étaient censés les protéger, continue de réclamer justice, tandis que le silence persistant des autorités nationales ne fait qu’amplifier le sentiment de désespoir et de trahison.
Les preuves sur lesquelles reposent ces sanctions ne proviennent pas uniquement de l’extérieur. Selon des rapports d’organisations locales et internationales, les institutions haïtiennes telles que la DCPJ et l’ULCC ont été impliquées dans la collecte de certaines informations utilisées pour établir ces sanctions. Cependant, ces mêmes rapports soulignent que l’absence de réactions de la part des autorités locales contribue à une érosion de la confiance dans l’État, alors que la population perçoit une complicité tacite entre les élites corrompues et les organes judiciaires.
A quand une réaction de la justice haïtienne?
Styve Jean-Pierre/ 🌴FOUYE RASIN NOU(FRN)🇭🇹🐚