Politique : Garry Conille, des promesses aux premières désillusions

En poste depuis cinq mois, le Premier ministre Garry Conille peine toujours à rétablir la sécurité dans le pays. Malgré ses promesses de reconquérir les « territoires perdus », ce sont les gangs qui continuent de faire fuir les habitants, quartier par quartier.

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Fouye Rasin Nou, le 20 octobre 2024_Arrivé avec éclat après son passage à l’ONU, l’ancien Premier ministre sous le régime PHTK avait promis de reprendre les « territoires perdus » (zones contrôlées par des gangs armés), quartier par quartier, maison par maison. Pour concrétiser cette ambition, il a nommé l’ancien chef de la Police, Rameau Normil, en remplacement de Frantz Elbé, dont la gestion de la sécurité sous la menace des gangs de la coalition « Viv Ansanm » avait été jugée inefficace.

Cependant, malgré cette réorganisation et l’arrivée des soldats de la force multinationale, la situation reste largement préoccupante cinq mois après son entrée en fonction. Le trafic aérien a certes repris à l’aéroport international Toussaint Louverture, mais environ 80 % de la capitale haïtienne demeure sous le contrôle des gangs. Ces derniers continuent d’agir en toute impunité, multipliant les provocations via des lives sur les réseaux sociaux, sans aucune réaction visible des autorités.

L’extension de l’influence des gangs

Plus inquiétant encore, de nouveaux territoires ont été perdus pendant les premiers mois de Garry Conille à la tête du CSPN (Conseil Supérieur de la Police Nationale). Par exemple, la zone de Gressier, autrefois relativement calme, est aujourd’hui sous la coupe des gangs. Ce déclin territorial est marqué par des événements tragiques, comme le massacre de plus d’une centaine de personnes à Pont Sondé, le jeudi 3 octobre dernier. Cet acte de violence extrême a eu lieu sous le regard passif du gouvernement et du Conseil présidentiel de transition, accentuant la sensation d’abandon ressenti par la population.

Des promesses face à une réalité bien différente

Malgré ces échecs apparents, le Premier ministre continue de multiplier les réunions, visites et déclarations publiques, affirmant que des progrès sont réalisés dans le cadre de la récupération des territoires perdus. Pourtant, la réalité est bien différente. Les gangs dictent leur loi, et des pans entiers de l’administration publique doivent se délocaliser pour échapper aux balles. Les ministères et bureaux du gouvernement sont forcés de fuir les quartiers désormais contrôlés par les criminels armés.

L’efficacité des forces multinationales remise en question

L’arrivée des forces multinationales, censées soutenir les efforts de sécurité, n’a pas eu l’impact espéré. Si leur présence a permis la reprise des vols à l’aéroport, elle n’a pas encore changé la donne sur le terrain face à l’expansion des gangs. Le manque de coordination et de résultats concrets jette le doute sur l’efficacité de cette intervention internationale.

Un Premier ministre à la hauteur des défis ?

Finalement, la présence de Garry Conille en tant que Premier ministre n’a pas encore permis de résoudre le problème de l’insécurité en Haïti. À la tête des ministères régaliens, dont celui de la Défense, il n’a pas encore envoyé de signaux forts quant à sa capacité à ramener la paix et la stabilité. Son directeur de la Police, Rameau Normil, peine également à imposer une stratégie efficace face aux gangs. Sans résultats tangibles, la question persiste : Garry Conille est-il véritablement l’homme de la situation pour sortir Haïti de cette impasse sécuritaire ?

Domond Willington / Fouye Rasin Nou (FRN)

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