Scandale à la BNC : Corruption à Haut Niveau, Conseillers-Présidents Sous le Feu des Accusations, mais Refusent de Démissionner

Le 2 octobre 2024, l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) a publié un rapport explosif indexant trois figures influentes du paysage politique haïtien : Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire et Louis Gérald Gilles, tous trois Conseillers-Présidents. Ils sont accusés d’abus de fonction et de corruption passive dans une affaire liée à 100 millions de gourdes qu’ils auraient drmsndé au président de la Banque Nationale de Crédit (BNC). Cette enquête révèle également des liens avec Raoul Pascal Pierre Louis, ancien président de la BNC, accusé d’entrave à la justice et de corruption active. Actuellement résidant aux États-Unis, Raoul Pascal Pierre Louis fait l’objet d’une demande d’extradition.

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Les Conseillers-Présidents et la Corruption Passive

Les accusations portées contre Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire et Louis Gérald Gilles sont extrêmement graves : abus de fonction, corruption passive, et versement de pots-de-vin. Selon le rapport de l’ULCC, ces trois responsables auraient violé la loi du 12 mars 2014 sur la prévention et la répression de la corruption, qui condamne sévèrement les actes de corruption passive et d’abus de fonction, en particulier à travers les articles 5.6 et 6.2 de ladite loi.

Les trois Conseillers-Présidents, Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire et Louis Gérald Gilles, auraient participé à des transactions illicites facilitées par Raoul Pascal Pierre Louis, ancien président de la BNC. Ce dernier leur aurait proposé des prêts ou des lignes de crédit sans respecter les procédures habituelles de la banque. L’enquête révèle l’émission de quatre cartes de crédit, dont une au nom des trois conseillers avec une limite de 20 000 $ US et une autre au nom de Lonick Léandre, proche de Smith Augustin, avec une limite de 12 500 $ US. Ces cartes ont été préapprouvées en toute discrétion, sans l’aval du conseil d’administration de la BNC, sur les instructions directes de Raoul Pascal Pierre Louis. Elles ont été émises le 27 mai 2024, seulement deux jours après la réunion secrète à l’hôtel Royal Oasis, en violation flagrante des normes bancaires.

Réunion Secrète à l’Hôtel Royal Oasis : Une Opération Malsaine

Un détail accablant de l’enquête révèle que Gérard Gilles a organisé une réunion secrète le 25 mai 2024 dans la chambre 408 de l’hôtel Royal Oasis à Port-au-Prince. Ce lieu de rencontre n’a pas été choisi au hasard. La réservation de la chambre a été effectuée sous le nom de Lonick Léandre, consul d’Haïti à Santiago, en République dominicaine, ce qui indique une tentative délibérée de dissimuler l’identité des vrais participants. Durant cette réunion, Gérard Gilles et Lonick Léandre auraient confisqué les téléphones des participants pour éviter toute fuite d’informations compromettantes.

Lonick Léandre, un acteur clé dans cette affaire, est accusé d’avoir orchestré le versement de pots-de-vin. Ce comportement est expressément réprimé par l’article 5.6 de la loi du 12 mars 2014, qui qualifie ces agissements de corruption passive et active, compromettant l’intégrité des institutions publiques haïtiennes.

Les Dépenses Inexplicables des Conseillers

Les révélations de l’ULCC sont d’autant plus choquantes qu’elles mettent en lumière un train de vie hors de portée pour des fonctionnaires. Entre le 27 mai et le 11 juillet 2024, Smith Augustin a accumulé des achats totalisant 872 220,40 gourdes sans aucun remboursement. Sa carte a été bloquée pour non-paiement le 28 juillet 2024. Lonick Léandre, consul et complice, a suivi un schéma similaire avec des achats s’élevant à 546 921,60 gourdes, également sans remboursement.

Emmanuel Vertilaire, quant à lui, a effectué des achats totalisant 1 078 255,61 gourdes en seulement deux jours, les 1ᵉʳ et 3 juin 2024, avec un remboursement minimal de 157 000 gourdes. Louis Gérald Gilles n’est pas en reste, avec des achats s’élevant à 1 027 336,82 gourdes entre juin et août 2024, pour lesquels il n’a remboursé que 55 700 gourdes.

Ces cartes auraient été pré-approuvées sur ses instructions, deux jours après la rencontre clandestine à l’hôtel, sans passer par le conseil d’administration de la BNC, ce qui constitue une violation flagrante des règles d’intégrité financière.

Extradition Demandée : Raoul Pierre Louis dans la Ligne de Mire

Raoul Pascal Pierre Louis, résidant actuellement aux États-Unis, est poursuivi pour entrave à la justice et corruption active. L’ULCC a lancé une demande officielle d’extradition basée sur la Convention interaméricaine contre la corruption (CICC), la Convention des Nations Unies contre la corruption (CNUCC), ainsi que sur le traité d’extradition de 1912 entre Haïti et les États-Unis. Si cette extradition est accordée, elle pourrait constituer un précédent important pour la poursuite des responsables de crimes financiers en Haïti.

En dépit de tout : Les avantages dont bénéficient les Conseillers-Présidents

Il est à noter que, malgré ces graves accusations, Smith Augustin a précisé que certains des avantages auxquels ils ont droit en tant que membres du Conseil des Présidents et des Conseillers de Transition (CPT) sont considérables. Parmi eux :

•   Un salaire mensuel de 220 000 gourdes
•   1/3 de ce salaire alloué pour les frais de fonctionnement
•   400 000 gourdes pour les frais de résidence
•   25 millions de gourdes par mois pour les frais de renseignement de la présidence, avec une part de 2 700 000 gourdes pour lui-même
•   400 à 500 000 gourdes en carte prépayée
•   250 000 gourdes pour le carburant
•   20 000 gourdes pour les cartes de recharge téléphonique

Les Conseillers Refusent de Démissionner

Épinglés dans le rapport d’enquête de l’Unité de lutte contre la corruption pour leur implication dans le scandale de la BNC, les conseillers présidentiels Louis Gérald Gilles et Emmanuel Vertilaire ont affirmé, dans une interview accordée au journal Le Nouvelliste, qu’ils ne comptent pas démissionner pour autant. Le jeudi 3 octobre 2024, alors qu’ils répondaient aux questions du journal par téléphone, les deux conseillers ont exprimé leur intention de rester en poste, malgré les accusations portées contre eux.

Une Affaire Qui Dévoile les Failles de l’État

L’affaire des 100 millions de gourdes à la BNC révèle une fois de plus l’ampleur de la corruption qui gangrène les institutions haïtiennes. Avec des personnalités de haut rang, dont des diplomates comme Lonick Léandre et des présidents de conseils influents, pris dans cette tourmente, l’État haïtien se retrouve à un carrefour décisif. Il s’agit non seulement d’un test pour la justice haïtienne, mais également d’une épreuve pour l’intégrité de l’administration publique.

L’issue de cette affaire pourrait bien définir la capacité de l’État à instaurer un climat de transparence et de responsabilité, là où l’impunité semble avoir trop longtemps régné.

Jean-Pierre Styve/ 🌴FOUYE RASIN NOU (FRN)🇭🇹

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